Dans un pays au bord de l’asphyxie, ils font le pari de la culture. Du 12 au 30 avril 2025, la 10ᵉ édition du Festival Vive Haïti Livres se déploie sous le thème « Rêvez Pays / Reve Peyi », portée par une poignée d’irréductibles qui refusent de céder à la fatalité.

Parmi eux, Marie-Danielle Étienne, 32 ans, bibliothécaire dans une petite commune du Nord. Depuis huit ans, elle anime avec passion des cercles de lecture, souvent avec des moyens dérisoires. « Continuer à lire, c’est continuer à espérer », confie-t-elle, entre deux ateliers préparés pour l’édition spéciale du festival. Elle fait partie de ces acteurs de l’ombre que l’événement a décidé de mettre en lumière cette année, aux côtés d’écrivains confirmés et de militants culturels.

À Port-au-Prince, c’est Gary L., cofondateur du festival, qui coordonne tant bien que mal les activités numériques prévues. Avec la capitale paralysée par les affrontements armés, il a dû revoir toute la logistique. « Il n’était pas question d’annuler. S’effacer serait donner raison à la peur », explique-t-il. Chaque intervention, chaque lecture publique organisée dans un CLAC (Centre de Lecture et d’Animation Culturelle) devient ainsi un acte de résistance.

La sélection d’invités rend hommage à des figures qui, par leur œuvre ou leur engagement communautaire, ont incarné ce « rêve de pays » : romanciers, poètes, bibliothécaires, conteurs… tous partagent cette conviction que la culture reste un espace de survie collective.

Au fil des jours, malgré les coupures d’Internet et les alertes sécuritaires, les mots circulent, les idées germent. À travers les écrans ou sous les vérandas des bibliothèques rurales, une autre Haïti prend corps — celle qui croit encore qu’un livre peut changer une vie.
« Rêver Haïti, c’est refuser de l’enterrer vivante », souffle Marie-Danielle, un roman à la main.

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