Haïti-50e édition du Prix Henri Deschamps : Daniolande Joseph Julien et Jeanie Bogart à l’honneur

Publié par Francois Nedje Jacques | novembre 21, 2025

Deux portraits côte à côte : à gauche, une personne portant un blazer bleu marine et une chemise blanche, à droite, une personne vêtue d’un pull rose avec un collier, en arrière-plan un logo Littéraca et du texte partiellement visible « Deschamps ».
Francois Nedje Jacques

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le novembre 21, 2025

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Le mercredi 12 novembre, la Fondation Lucienne Deschamps a célébré la 50e édition du Prix littéraire Henri Deschamps, considéré comme le plus prestigieux et le plus ancien prix littéraire d’Haïti. La cérémonie s’est tenue à l’hôtel El Rancho, à Pétion-Ville, marquant un moment fort pour la culture haïtienne dans un contexte national difficile.

Le Prix Henri Deschamps 2025 a été attribué à Daniolande Joseph Julien pour son roman Brasseuse d’asphalte, tandis qu’une mention spéciale du cinquantenaire a été décernée à la poétesse Jeanie Bogart pour son recueil Celle qui revient. Ces distinctions viennent rappeler la vitalité de la littérature haïtienne, malgré l’insécurité, la corruption et la crise sociale qui secouent le pays.

« Le fait que les deux lauréates vivent à l’extérieur du pays contraste avec la réalité présente d’Haïti. L’insécurité pousse dehors ceux qui en ont les moyens et éteint les flammes d’espoir qui autrefois laissaient entrevoir du vert à l’horizon. »

Claude Bernard Serant

Un symbole d’espoir au cœur du chaos

Créé en 1975, le Prix Henri Deschamps a toujours été un tremplin pour les écrivains haïtiens. Présidé cette année par l’écrivaine Évelyne Trouillot, le jury a voulu faire de cette 50e édition un signe d’espérance :

« Créer au cœur du chaos. Espérer malgré tout. »
Cette remise s’inscrit dans une chaîne d’événements porteurs d’espoir pour Haïti : la qualification de l’équipe nationale pour la Coupe du monde, le couronnement du roman Passagères de nuit de Yanick Lahens par l’Académie française, et maintenant, la consécration de deux voix féminines.

Les œuvres primées

Dans Brasseuse d’asphalte, Daniolande Joseph Julien donne la parole aux humiliés, aux femmes des trottoirs, aux oubliés du bitume. À 28 ans, elle signe un roman vibrant où la dignité des anonymes devient héroïque. Elle confie :

« Recevoir ce prix est bien plus qu’une reconnaissance littéraire. C’est un hommage à toutes celles qui avancent dans un pays secoué mais jamais vaincu. À toutes les femmes et les jeunes filles qui méritent d’être vues, entendues, valorisées. À toutes celles qui transforment la douleur en lumière et la survie en chemin. »

Quant à Jeanie Bogart qui vit actuellement à Trois-Rivières (Québec), avec Celle qui revient, elle transforme la mémoire blessée de Port-au-Prince en une œuvre lumineuse. Son texte, court mais dense, mêle réalisme et fantaisie pour dire le deuil, la survie et la nécessité de se souvenir. Un engagement personnel qui dépasse le livre.

Claude Bernard Serrant, journaliste culturel au Nouvelliste, le plus ancien quotidien du pays, souligne la mélancolie de cette édition :

« Le fait que les deux lauréates vivent à l’extérieur du pays contraste avec la réalité présente d’Haïti. L’insécurité pousse dehors ceux qui en ont les moyens et éteint les flammes d’espoir qui autrefois laissaient entrevoir du vert à l’horizon. »

Un héritage littéraire à préserver

Depuis 50 ans, le Prix Henri Deschamps a révélé des générations d’auteurs et dressé une galerie d’excellence pour la littérature haïtienne contemporaine. Cette édition, malgré les ombres, rappelle que la création demeure un acte de résistance et un souffle d’avenir.

Francois Nedje Jacques

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